… DES RHIZOMES…

Un labyrinthe dense et fragile dans lequel les danseurs se glissent, se fondent, habitant littéralement la musique. En fond de scène, un gigantesque entrelacs : brin d'herbes, cordes de piano ? Motif que l'on retrouve sur les costumes des danseurs, petites pièces mouvantes d'un grand tout dans lequel ils se faufilent, l'étendant, le développant sans cesse. Stéphane Dreher, Pascale Gigon, Stéphane Hisler et Olga de Soto livrent une pièce complexe et poétique traversée de moments fascinants : corps flexibles qui se tendent soudain comme une corde de violon, corps étirés dans toutes les directions, corps en équilibre balançant légèrement au vent comme des mobiles de Calder.

Jean-Marie Wynants, Voyage à l'intérieur de la musique, Le Soir, 29 Novembre 1999

 

Les mouvements sont beaux, même s’ils ne luttent pas pour la forme et évitent délibérément l'unité, voire se détournent de la scène. Dans la marge, hors de la portée de la lumière, dansé aux pourtours, chaque mouvement se tient tout seul, tournant dans l'espace-temps de l'ici et maintenant. Et pourtant des connexions sont établies, même si on ne sait pas où ni comment. Cette écriture chorégraphique nomade pose la question de savoir si le spectateur regarde une improvisation. Pourtant, une tension soutenue et la reprise des accents musicaux ici et là suggèrent le contraire. Alors, s’agit-il d’une chorégraphie méticuleuse ? Peut-être que c'est le spectateur qui perçoit l'essence du processus, qui commence sur scène et voyage à travers les mouvements pour venir s’accomplir dans sa propre perception, dans l’esprit du spectateur.

Jeroen Peeters, Une écriture nomade, Financieel-Economische Tijd (BE), 4 Décembre 1999


Abstraite, fluide et vivante, très écrite tout en préservant de l’aléatoire, en laissant une part de choix aux danseurs, la danse d’Olga de Soto évoque Merce Cunningham ou Anne Teresa De Keersmaeker. Sa grande supériorité (…) est de savoir se dégager de l’appareil conceptuel qui fonde l’écriture et de rester danse, c’est-à-dire affaire de corps, de désir, de mouvement et d’espace.

Myriam Blœdé, Irritation et plénitude à La Galerie, Magazine CASSANDRE, février-mars 2000

 

Autre rude parti-pris, celui d'Olga de Soto, qui se collète à des compositions de musique contemporaine pour en extraire le suc, et donner à voir la musique. Sur des œuvres de Michaël Jarrell, la partition chorégraphique est somptueuse dans son austérité. Si austère d'ailleurs qu'elle laisse plus d'un spectateur sur le carreau. Mais qu'il s'agisse du duo autre ou du quatuor ... des rhizomes..., la danse semble pénétrer la matière musicale pour l'incarner. Le son se fait corps, inscrivant dans l'espace une gestuelle ferme et souple, souvent suspendue comme dans un arrêt sur image. Même immobiles, les danseurs sont happés dans un mouvement global continu qui fait chatoyer la composition musicale. S'arc-boutant sur le silence pour mieux faire jaillir la nécessité de la musique, Olga de Soto orchestre d'un interprète à l'autre une conversation elliptique dont la sensualité ne se départ jamais d'une tenue rigoureuse.

Rosita Boisseau, Iles de danses, un festival d'atypiques ?, Le Monde, 3 Décembre 1999

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